Menacé de prison, ce journaliste trouve asile à Bar-le-Duc

Aleksandr Udikov est un journaliste russe. Il y a trois ans, il a fait le choix de quitter son pays, après avoir reçu des menaces quant à sa position pacifiste dans le conflit Ukraine-Russie. Depuis décembre 2024, il réside dans le départe-ment de la Meuse, grâce à l’aide de Reporters sans Frontières, qui l’a soutenu dans sa demande d’asile politique.

C’ était le 24 février 2022. La Russie en vahissait l’Ukraine et déclarait la guerre. Alek-sandr Udikov s’en souvient comme si c’était hier. Le jour naliste indépendant et blo-gueur russe en parlait depuis des mois sur son site inter net. Quand la mobilisation a été annoncée, j’ai écrit de nombreux billets appelant å ne pas prendre les armes, Tous les médias officiels na-tionaux étaient déjà censu rés, sur les blogs au moins, on pouvait dire ce que l’on pen-sait, souffle le journaliste russe.

Jusqu’en 2022, il résidait avec sa compagne dans la vil le de Tcheboksary, qui comp te près de 500 000 habitants. J’écrivais beaucoup sur les évènements politiques en Russie, mais j’étais constam ment confronté à la censure du gouvernement. Plus le temps passait, plus elle s’in tensifiait, se remémore Aleksandr Udikov,

« Je peux aller en prison pour vingt ans à cause de ce que j’ai écrit »

Depuis le lancement de la guerre, il a dû quitter son pays. Des lois répressives commençaient à être votées. Rester en Russie devenait trop dangereux pour moi, déplore Aleksandr Udikov. Il s’est d’abord arrêté en Tur-quie, pour une durée de six mois. Sa demande de permis de séjour n’ayant pas été ac ceptée, il est resté au Kirghi zistan, pour une très courte période, puis a passé une année en Bosnie-Herzégovi ne, en Serbie et au Monténé gro, où il n’est pas parvenu à régulariser sa situation léga le. Depuis le 15 février 2024, il réside en France, où il a reçu l’asile politique. Sa demande avait notamment été soute nue par Reporters Sans Fron tières et le CPJ, le Comité de Protection des Journalistes.

A son arrivée en France, le journaliste russe a senti un souffle de liberté Ils ne pouvaient plus m’arrêter, je pouvais parler beaucoup plus librement. Retourner dans son pays lui semble de sormais impensable. Avec les lois actuelles, je peux aller en prison pour vingt ans à cause de ce que j’ai écrit, ce serait très dangereux d’y re tourner, je serais probablement arrêté directement à l’aéroport, raconte, inquiet, Aleksandr Udikov.

Aujourd’hui, plus aucun de ses articles n’est accessible en Russie. Ils ont bloqué mes quatorze sites, livre le journaliste. De ce fait, il a per du de nombreux lecteurs rus ses. Je parle de moins en moins de politique, de nom breux Russes se sont résignés et ne veulent plus lire d’arti-cles pacifistes, alors je racon te juste notre vie, celle en exil, à Bar-le-Duc, décrit le quarantenaire.

Nous n’avons pas eu le choix du département, ex plique Aleksandr Udikov. En effet, c’est l’Office Français de l’Immigration et de l’Inté gration qui choisit la future résidence de l’exilé.

Après Bar-le-Duc, d’autres perspectives…

Pour le journaliste russe et son épouse, c’était la Meuse. Nous devions choisir entre Verdun, Commercy et Bar-le-Duc, sourit le blogueur. Nous avons visité Bar-le-Duc en décembre, et nous avons trouvé que c’était une très belle ville. Après quelques mois à Clermont en Argon-ne, dans le Sud Mensien, Aleksandr Udikov a fini par être logé dans un apparte ment social dans la ville pré-fecture.

On aime Bar-le-Duc, mais il y a un mais. Autre souci pour le couple russe, La Meuse reste assez petite, il ya peu d’opportunités, déplo rent-ils. Ils comptent bien ap prendre le français, à un bon niveau. Pour l’instant, c’est en cours, sourit Alek sandr Udikov. Aucun d’eux ne travaille pour le moment, mais le journaliste est bien décidé à retrouver l’écriture au plus vite.

Thomas Chiarazzo

Photo: Aleksandr Udikov, journaliste indépendant et blogueur russe, réfugié politique à Bar-le-Duc. Photo Jean-Noël Portmann

L’EST Républicain / 48 / Un jour, une histoire
Jeudi 11 septembre 2025

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Bar-le-Duc : menacé d’emprisonnement, un journaliste russe obtient l’asile en France >>>

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