PUBLICITÉ DE GOOGLE

Noël est déjà tout proche. Beaucoup de choses n’ont pas fonctionné pour nous cette année. Mais nous n’abandonnons pas et ne baissons pas les bras. Une lutte sans fin m’a profondément changé. Et m’a rendu très déterminé.

Nous essayons de revenir à une vie normale

Nous avons installé un sapin. C’est notre premier sapin depuis trois ans. En 2022, nous avions encore un sapin à la maison à Tcheboksary. Même si le Nouvel An, nous l’avions alors fêté dans la ville voisine de Iochkar-Ola, avant de partir pour Kirov (400 km à travers la forêt, par –30 degrés). En 2023, j’ai célébré la nouvelle année seul, à Antalya, en Turquie. Il n’y avait ni sapin ni plats festifs. C’était très triste.

En 2024, nous avons fêté la nouvelle année avec Ola dans la ville balnéaire monténégrine de Budva. Merci aux gens bienveillants qui nous ont alors aidés avec un logement. Il y avait une salade « Olivier », une belle vue sur la ville et une sorte de sapin trouvé dans un débarras. En 2025, nous avons fêté la nouvelle année avec Ola dans notre chambre, dans un centre d’hébergement pour demandeurs d’asile, dans la minuscule ville française de Clermont-en-Argonne. De l’« Olivier », une ambiance un peu somnolente et une forêt endormie derrière la fenêtre.

En 2026, nous fêterons la nouvelle année à Bar-le-Duc, dans un appartement qui a un impact extrêmement négatif sur ma santé. Hélas, nous n’avons pas réussi à en partir. La vue depuis la fenêtre est très belle. Mais c’est le seul avantage de cet appartement. NB. En Russie, la fête la plus importante n’est pas Noël, mais le Nouvel An. Noël y est célébré le 7 janvier. Mais nous le fêterons avec les Français le 25 décembre.

Vous ne voyez pas la différence ?! Essuyez-vous les yeux !

Des personnes étranges, que je ne connais pas, viennent souvent sur mon blog et commencent à expliquer que le quartier résidentiel de Côte Sainte-Catherine, où nous vivons actuellement, ne se distingue en rien des autres parties de la ville. Pourtant, nul besoin d’être Sherlock Holmes pour voir la différence d’architecture entre les quartiers de la ville sur la photo ci-dessous. En haut, la fameuse Côte Sainte-Catherine ; en bas, le centre, la Ville Basse.

Sur le plan social, des transports et des infrastructures, les différences sont encore plus marquées. Surtout lorsque l’on vit dans un immeuble avec des logements HLM (logements sociaux) et que l’on ne possède pas de voiture personnelle. J’admets que pour une personne vivant dans une maison individuelle et se déplaçant en voiture, la différence est minime. Mais ce n’est pas notre cas. Et si ce n’est pas votre cas non plus, inutile de nous donner des leçons de vie.

À propos de la situation des transports dans le quartier de Côte Sainte-Catherine

Quelqu’un m’a écrit hier que l’on peut rejoindre le centre-ville depuis la Côte Sainte-Catherine en 15 minutes. C’est vrai. Mais il y a des nuances importantes. Le problème, c’est que les bus circulent avec de très grands intervalles. Le bus de la ligne 3 passe toutes les 30 minutes. Le bus de la ligne 5 passe avec des intervalles allant d’une heure à deux heures et demie.

Les premiers bus partent à 7 heures du matin, les derniers à 19h30. Les dimanches et jours fériés, il n’y a que trois passages par jour. En ce moment, les bus roulent en plus en déviation à cause d’une route barrée. Très souvent, lorsque nous sortons du magasin avec des sacs de courses, nous devons attendre le bus. Et parfois, ce sont bien ces 30 minutes. Se déplacer avec une correspondance est encore plus pénible.

Et tout cela dans une petite ville, où les distances sont relativement courtes ! En même temps, pratiquement tout ce qui est nécessaire à la vie se trouve en Ville Basse : les magasins alimentaires, la poste et les banques. Le chemin à pied présente de forts dénivelés. Descendre, ça va encore, mais remonter est beaucoup plus difficile. Surtout si vous avez des problèmes de mobilité ou une charge lourde.

À cause de l’effondrement d’un mur de soutènement, la route plate et en pente douce destinée aux vélos, aux cyclomoteurs et aux poussettes est désormais fermée. De hautes barrières y ont été installées. Il ne reste que les escaliers ou le bus. Les escaliers sont glissants, et par temps de pluie, on peut facilement s’y blesser. D’autant plus que personne ne ramasse les feuilles mortes et que, sur certains tronçons, le chemin est couvert de boue.

Faut-il s’étonner que les personnes sans voiture cherchent à quitter ce quartier au plus vite ? Et même avec une voiture, ce n’est pas toujours pratique, car de nombreux parkings du centre-ville sont payants. Bref, ce n’est pas une logistique simple ni confortable. Nous vivons à Bar-le-Duc depuis mai. Et, par expérience personnelle, nous constatons que la situation des transports et de l’accessibilité piétonne du quartier s’est considérablement dégradée ces derniers mois.

Dans le même temps, les responsables officiels évitent soigneusement ces problèmes dans leurs commentaires. Les couches les plus vulnérables de la population de la ville se retrouvent seules face à leurs difficultés.

Il est très important de savoir parler des problèmes !

Différents Français d’ultra-droite m’accusent très souvent d’ingratitude. Et ils le font même dans les commentaires sous des publications contenant justement des remerciements. Là où je remercie la France et les Français pour leur aide. Mais si l’on met de côté ma personne, le fait que je sois étranger et — OH HORREUR !!! — réfugié, qui plus est de Russie, et que l’on évalue simplement ce que je dis, n’a-t-on pas l’impression que je dis la vérité ?!

Je parle pourtant de problèmes évidents. Tellement évidents qu’ils sont visibles même sur le panorama de la ville. Discuter des problèmes, est-ce de l’ingratitude ? Chaque habitant de la ville ne devrait-il pas chercher à la rendre meilleure ? Le silence face aux problèmes a-t-il jamais conduit à quelque chose de positif ?

Bar-le-Duc ira-t-elle mieux si une part importante de sa population la quitte et cesse de payer des impôts ?! Quelqu’un dans cette ville perdrait-il à avoir de bonnes liaisons de transport, des zones piétonnes confortables et du confort non seulement dans le centre, mais dans tous les quartiers ?! Est-ce que je ne parle pas de problèmes qui dérangent tout le monde ?! Oui, je n’ai pas toujours de solutions, mais la discussion des problèmes est la première étape vers leur résolution.

Et je ne comprends pas pourquoi mes publications sur les problèmes de la ville et de mon quartier provoquent parfois une réaction aussi agressive. L’idée qu’une ville a besoin de transports pratiques et confortables avec des intervalles de passage minimaux n’est-elle pas évidente ? N’est-ce pas justement un bon réseau de transports publics et une infrastructure publique développée qui rendent une ville attractive pour ses habitants ?

La dissimulation de la vérité, l’isolement des quartiers défavorisés et l’installation de plusieurs rangées de clôtures autour d’un lieu autrefois plein de vie sont-ils vraiment la seule solution possible ?! Et surtout, où une ville et ses habitants arriveront-ils avec une telle approche ?!

À propos d’un avenir qui pourrait ne pas exister

Extrait de mon commentaire dans une discussion sur FB :

Nous ne sommes pas venus ici de notre plein gré. Plutôt parce que nous n’avions presque pas le choix. Nous avons choisi Bar-le-Duc pour sa beauté et sa riche histoire. Nous avons de nombreuses compétences utiles, mais nous avons encore des problèmes avec le français. Cela entrave fortement notre intégration. Malheureusement, presque toutes les options d’intégration garanties par la République française, nous devons littéralement les arracher aux autorités locales à coups de plaintes et de lettres recommandées.

Rien que pour les lettres recommandées, nous avons dépensé 200 euros en décembre. Les autorités de cette ville n’ont rien fait pour nous donner envie d’y rester. Seul le manque d’argent nous retient ici. Mais nous sommes des réfugiés, et peut-être que les autorités n’ont aucun intérêt pour nous. Mais de la même manière, la ville perd aussi sa population autochtone. Et avant tout les jeunes. Une ville où il ne reste que des retraités n’aura pas d’avenir.

Un point important

Je tiens à préciser que, concernant le logement et l’aide des travailleurs sociaux, je ne réclame aucun traitement particulier. Je veux seulement que les sommes importantes que la France y consacre soient utilisées efficacement. Or, actuellement, il s’avère que ni les services sociaux AGIR ne font quoi que ce soit, ni le logement n’est acceptable, et l’argent disparaît on ne sait où. Enfin, où et comment cet argent disparaît, je le sais déjà globalement. Mais c’est un sujet pour une autre discussion, très passionnante.

Tristesse

Il y a un an, à Clermont-en-Argonne, nous suivions de la même manière le vol des grues du regard. Un an a passé, многое a changé. Maintenant, nous aussi, nous avons envie de nous envoler d’ici. Pas de France, non. Et même pas de la ville. Seulement d’un mauvais quartier et de cet appartement « malodorant ». Et oui, il est venu la compréhension que même si nous avons mille fois raison et que la loi est de notre côté, cela ne signifie pas que nous réussirons à obtenir quoi que ce soit.

À propos de l’auteur du blog. Je m’appelle Aleksandr UDIKOV. Je suis journaliste originaire de Russie, contraint de quitter mon pays en 2022 en raison de persécutions liées à mes articles condamnant l’attaque contre l’Ukraine. En 2024, j’ai obtenu l’asile politique en France. Dans ce blog, je parle de ma nouvelle vie, je partage mes observations et mes photographies.

Amis ! Ceci est la traduction d’une publication de mon blog russophone Udikov.com (RUS). Les traductions de mes articles en français paraissent sur le site Expaty.Life (FR). Pour être informé des nouvelles publications du blog en français, abonnez-vous, s’il vous plaît, à ma page Facebook (FR).

La version anglophone de ce blog est publiée sur la plateforme Medium (ENG). Pour le moment, j’utilise un traducteur en ligne, il se peut donc que la traduction ne soit pas toujours parfaite. Je vous prie de m’en excuser ! Votre « like » ou votre commentaire sur le site ou sur les réseaux sociaux est le plus beau cadeau que vous puissiez faire à l’auteur !

Autres articles de moi sur le sujet :

Solyanka #236 : Sabotage, absence de logique, tribunal, arbitraire, bugs, conseils, livreurs et joies (20.12.2025)
Soljanka #235 : À la recherche de ressources, classement des cours de français, travaux de réparation et ourson en chocolat (17.12.2025)
Solianka #234 : Bizutage et désespoir, boue et brouillards, liberté et élections (14.12.2025)

© Expaty Life. Blog d’un journaliste en exil | Udikov.com | Expaty.Life

PUBLICITÉ DE GOOGLE